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Mais ne trouvez-vous pas, monsieur Schulze, qu’il serait temps de mettre enfin un terme dans ses différentes formes et dans ses différents degrés à l’esclavage qui, dans le fond, existe après comme avant dans les choses ; ne trouvez-vous pas qu’il serait temps de mettre une fin à cette appropriation du produit du travail d’autrui ?

Je dis y mettre une fin ? Hélas, non ! La voie qui y mène est trop longue ; la transformation ne sera que successive ! Mais il est d’autant plus temps de se mettre de suite à faire le commencement de la fin.

En tout cas, vous avez vu combien peu l’épargne est pour quelque chose dans l’origine et dans l’accroissement des capitaux.

Voulez-vous savoir comment se forment les nouveaux capitaux dans une société aussi compliquée que celle d’aujourd’hui ?

Prenons des exemples concrets, monsieur Schulze ! J’ai acheté un bien-fonds pour 100 000 thalers. Je reçois annuellement 5 0/0 de mon capital placé dans ce bien-fonds, et je les dépense à mesure. Je « n’épargne » donc rien ; bien plus, je dépense même annuellement 2000 thal, au delà de mes revenus ; je dissipe, je m’endette, par conséquent. Dix ans après, je vends ma propriété et, par suite de l’accroissement de la population, de la hausse du prix des grains et des terres elles-mêmes, je retire de la vente de ce bien-fonds 200 000 thal. Je paie les 20 000 thal, de dettes contractées pendant ces dix ans, et j’ai en plus de mes 100 000 thal. un nouveau capital de 80 000 thal., et ce capital a été formé par les liens sociaux. Il a été formé parce qu’une population plus dense et plus nombreuse s’est groupée sur la même surface. Il s’est formé peut-être parce qu’à présent, pour produire