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tives, ôtées à la production directe des moyens de luxe et d’existence, à leur production indirecte, c’est-à-dire à la production d’instruments, de machines, en un mot, au capital fixe de tout genre, et plus il le faisait — ce qui vous paraît être « épargne, » — plus les moyens de jouissance affluaient vers lui.

Il en était de cet homme comme de l’amour de Juliette pour Roméo : « Plus je donne, dit-elle, plus j’en ai. « Plus il donnait d’esclaves à la troisième équipe destinée à la production du capital fixe, plus il avait de moyens de jouissance, plus il en consommait et pouvait en consommer !

Ce maître nous offre, monsieur Schulze, le tableau réel du développement de la société européenne et de ses capitaux.

Vous voyez vous-même maintenant qu’il n’était question là ni de privations, ni d’épargne même du produit de travail d’autrui.

Vous voyez en même temps, monsieur Schulze, que quiconque dit division du travail dit en même temps, ce qu’on oublie trop : — travail associé, et que ce travail associé ainsi que la culture et la formation du capital qui en dépendent n’étaient possibles, et en tout cas pendant longtemps, que dans la forme de l’esclavage, dans la forme d’un assujettissement et d’une association forcés, et par l’accumulation du produit de travail d’autrui.

C’est donc un bien que l’esclavage se soit trouvé au berceau des nations civilisées[1].

  1. La division du travail n’aurait-ellc pas pu naitre sans l’esclavage ? C’est au moins à démontrer. Lassalle tombe ici dans un défaut qui ne lui est pas habituel. Il tranche par une affirmation sommaire une question à traiter, ou plutôt il s’en rapporte ici au fatalisme historique de Hégel, son premier maître en philosophie. (Note du traducteur.)