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culture où ils se trouvaient des milliers d’années auparavant, et les restes de ces tribus s’y trouvent encore aujourd’hui, en tant qu ils n’ont pas changé leur genre de vie et ne se sont pas européanisés.

Ainsi : le travail individuel ne peut pas faire d’épargnes.

Mais jetez un coup d’œil sur l’esclavage que vous trouvez au berceau des nations civilisées.

Le tableau change aussitôt !

Un seigneur a, par exemple, 100 esclaves. Il peut en employer 30 à la production de ses moyens de consommation personnels de tous genres ; et vous conviendrez avec moi que consommer le produit du travail de trente hommes ne s’appelle pas épargner. Il emploie 60 autres esclaves à l’agriculture, c’est-à-dire à la production des moyens d’existence nécessaires pour eux-mêmes, pour les 30 premiers et les 10 derniers qui lui restent. Il emploie les 10 derniers esclaves à la fabrication des instruments nécessaires aux 30 premiers et destinés à la production de ses consommations personnelles ainsi qu’aux 60 autres esclaves qui produisent les moyens d’existence pour les 100 esclaves.

Telle est la physionomie qu’avaient un jour les sociétés. Au moins, direz-vous, cet homme épargne le produit du travail des 10 esclaves qui produisent les instruments. Et quand même ce serait vrai, que l’accumulation du travail d’autrui n’est pas de l’épargne, il pouvait toujours, usant de son droit de maître, consommer aussi le produit de travail de ces 10 esclaves, et c’est une privation de sa part d’y avoir renoncé et de l’avoir accumulé en instruments de différents genres.

Vous êtes de nouveau dans l’erreur, monsieur Schulze !

Cet homme, en faisant produire par les 10 es-