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devenir maigre comme un squelette avant de pouvoir amasser ce qui était nécessaire à l’entretien d’un certain nombre de chasseurs salariés pour son compte.

Mais, objecterez-vous peut-être, c’était la faute du pauvre diable lui-même. Pourquoi n’occupait-il pas plutôt ses travailleurs salariés aux travaux d’agriculture ou d’industrie qui donnent un entretien suffisant ?

Mais ne voyez-vous pas, monsieur Schulze, que l’obstacle dont nous venons de parler plus haut reparaît centuplé ici ?

Comment aurait-il pu épargner de son produit de chasse personnel les moyens d’existence nécessaires à la conservation de la vie de ces agriculteurs et de ces industriels pendant l’année ou les plusieurs mois qu’exigent l’agriculture et l’industrie pour donner un produit ?

Ceci nous prouve deux choses, monsieur Schulze :

I. La production par la division du travail, qui seule donne un excédant sur les besoins du jour, pour devenir possible, suppose toujours une mise préalable d’accumulation de capitaux, et en même temps toujours une division de travail antérieure, qui seule peut fournir ce surplus sur le besoin du jour impossible à atteindre dans le travail individuel.

IL C’est pourquoi les peuples qui partent d’une complète liberté individuelle, comme les tribus des chasseurs indiens, ne peuvent jamais arriver à une accumulation de capital, et par conséquent à un degré de culture quelconque.

C’est pourquoi, quand les blancs traversèrent pour la première fois le Grand lac salé, ils trouvèrent les Iroquois, les Delaware, les Chérokees, les Tchikasas, etc., exactement au même degré de