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duit, mais le produit du travail d’autrui, par conséquent n’épargnent pas !

Mais, si vous êtes incapable, de vous faire vous-même ce court développement historique sur les rapports du travail européen, le simple bons sens ne vous dit-il pas qu’il est impossible, même à priori, de donner pour origine aux capitaux par l’épargne individuelle du propre produit de travail, comme vous le faites ?

Comment vous représentez-vous l’origine des premiers capitaux ?

Rappelez-vous encore une fois de la forme primitive du travail, de l’Indien sauvage chassant librement dans ses forêts. Pouvait-il mettre en réserve quelque chose de son revenu ? Son travail lui donnait-il un surplus sur ses moyens d’existence ? L’histoire vous donnera la réponse là-dessus, en vous montrant que des masses de tribus indiennes sont mortes de faim. En d’autres termes : il n’y a que la division du travail qui donne une plus-value sur les moyens d’existence.

Peut-être demanderez-vous : pourquoi ce pauvre diable d’Indien n’a-t-il pas joué le capitaliste, pourquoi n’a-t-il pas pris un certain nombre d’Indiens à son service et ne les a-t-il pas fait chasser avec lui pour son compte ?

Vous ne voyez donc pas, monsieur Schulze, que ces hommes libres ne s’y sont jamais prêtés ; car. tous ensemble ils n’auraient acquis que ce qu’ils gagnaient avant en pleine liberté, c’est-à-dire leurs moyens d’existence.

Et secondement : d’où cet Indien aurait-il pris l’avance pour l’entretien nécessaire des salariés, tandis qu’ils auraient chassé pour son compte ? A-t-il pu l’épargner de son propre produit de chasse, aux dépens de son estomac ? Il aurait pu