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Soudainement tous ces serfs, membres de jurandes, et apprentis déclarés juridiquement libres, et qui, pendant des milliers d’années, eux et leurs devanciers avaient produit ce travail antérieur pour toutes sortes de privilégiés, se trouvèrent libres de jure et dépourvus de tous moyens de facto, les moyens étant restés entre les mains des propriétaires de capitaux.

Comme ces travailleurs ne possédaient pas ce qu’il faut pour entreprendre un travail quelconque, que leur restait-il, que leur reste-t-il à faire, malgré la liberté juridique et la déclaration de la concurrence libre, sinon de vendre leur vie pour les besoins de leur existence ?…

En d’autres termes : Que leur restait-il et que leur reste-t-il, s’ils ne veulent pas mourir de faim, sinon de chercher du travail chez ces mêmes entrepreneurs munis des résultats de la propre activité antérieure des travailleurs, c’est-à-dire des capitaux produits par leur propre travail de mille ans, et cela pour un salaire qui, tout à fait exceptionnellement et rarement, et jamais pendant longtemps, ne dépasse l’équivalent des moyens d’existence absolument indispensables ?

D’un côté un salaire réduit dès l’origine à l’équivalent des moyens d’existence indispensables usités chez le peuple met les travailleurs dans l’impossibilité d’épargner ; d’un autre côté, les frais indispensables à leur entretien étant prélevés, toute la plus-value du produit de leur travail en général, quelque considérable qu’elle soit, ou d’une branche de production en particulier, plus ou moins lucrative, coule inévitablement dans la poche de l’entrepreneur, qui de son côté en cède une part au capitaliste.

J’ai développé cette loi de salaires, avec les os-