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duit de travail, ingrat que vous êtes, avec une abstinence sans exemple, de même que celui de votre ami Reichenheim, et que prochainement je vais les réclamer, surtout au dernier !

Le christianisme n’apporte aucun changement appréciable. Car, au lieu de l’esclavage, il y eut le servage, où le soin du travail était dévolu aux hommes, qui à des degrés différents formaient la propriélé juridique de leur seigneur, dont l’accumulation se faisait aux dépens du travail d’autrui. Et cela ne se rapporte pas seulement au travail rural, car vous savez, monsieur Schulze, et d’ailleurs chaque enfant le sait, qu’au moyen âge, pendant des siècles entiers, le travail industriel dans les villes se faisait par les hommes liges qui dépendaient des familles nobles et patriciennes[1].

Tandis que le servage et la servitude duraient dans les campagnes jusqu’à la Révolution française, — ils furent remplacés dans les villes par les jurandes, dont vous êtes le grand adversaire et l’ennemi passionné, — votre progrès consiste justement en ce que vous combattez en théorie des choses qui sont abolies depuis soixante-quinze ans !

Vous devez donc savoir que les jurandes consistaient en institutions positives qui, sous cent formes différentes, par contrainte légale, faisaient travailler le pauvre peuple dans les villes pour des générations de patrons, afin de faire couler le produit de son travail dans les poches de ces derniers.

Enfin éclate le tonnerre de la Révolution française de 1789 ! Servages, servitude, jurandes, tout

  1. Voir sur la transition, outre les œuvres plus anciennes, Barthold (Histoire des villes allemandes, 1850) et d’autres, ainsi que les nouvelles et excellentes recherches d’Arnold, Histoire de la propriété dans les villes allemandes. Bâle, 1861.