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n’épargnent rien, par une bonne raison, et ne mettent jamais rien en réserve, et de la sorte ils supporteront mieux le désagrément de ne pas posséder de capitaux. —

Enfin vous aviez une troisième raison.

En Allemagne, il faut que tout soit moral. Le bourgeois allemand ne peut pas se contenter de posséder le capital juridiquement, il ne lui suffit pas non plus de considérer objectivement qu’il le possède aussi économiquement, d’une manière inattaquable ; non, il faut que ce soit encore un mérite moral pour lui de le posséder. Ce mérite moral doit être établi, le prix Montyon doit lui être décerné, et la théorie de l’épargne s’y prête parfaitement. Dans tous les cas le capital est le résultat direct d’une épargne. Généralement, les capitaux ne peuvent pas se former d’une autre manière, dites-vous (p. 25), et vous poursuivez d’une voix attendrie (p. 29), quel grand martyr est le capitaliste qui a pris sur lui la peine et les privations qu’entraîne incontestablement l’accumulation d’un capital.

Les voilà donc, nos capitalistes européens, voyez leurs faces pâles et blêmes, ils sont silencieux et consumés de chagrin ! Soucieux et les yeux baissés, ils ne pensent qu’à leur douloureuse carrière pleine de privations et ils rougissent presque de pudeur de ce que leurs grands mérites, qu’ils auraient volontiers cachés à tous les yeux, soient dévoilés avec tant d’éclat et devant l’univers entier !

Monsieur Schulze !… mais non ! Gardez encore une fois la parole. Reproduisons ici le dithyrambe que vous entonnez (p. 25) immédiatement après avoir dit que le capital est la partie mise en réserve pour notre existence future ;