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d’après la destination qu’on donne aux différentes parties de son revenu et de sa fortune qu’on distingue ce qu’on doit considérer comme capital, et on ne peut donner ce nom qu’à ce qui n’est pas employé à la satisfaction de nos besoins momentanés. »

Grâce à cette surabondance de paroles, il se peut qu’un homme, même instruit, lise vos discours sans avoir conscience de leur complète absurdité. Ce verbiage, un vrai poison pour l’esprit populaire, endort et affaiblit en même temps la lucidité de pensée du lecteur.

Mais celui qui sait conserver l’autonomie et la précision de sa pensée, même vis-à-vis de votre verbiage, doit véritablement admirer l’absurdité logique, que vous savez concentrer en quelques lignes !

Je veux élucider cela sous trois rapports seulement :

1) Le capital, selon vous, est la partie de la fortune, qui n’est pas immédiatement consommée, c’est-à-dire qui n’est pas employée à la satisfaction des besoins momentanés personnels. « D’après la destination qu’on donne aux différentes parties de son revenu et de sa fortune, il faut distinguer ce qui doit être considéré comme capital, et il n’y a que l’excédant de nos dépenses journalières » qui peut prétendre à ce nom.

C’est-à-dire ; vous expliquez le capital comme provenant du revenu et comme partie de ce dernier. Mais c’est beaucoup plus le capital qui rapporte le revenu et le revenu qui provient du capital.

Cela s’impose à l’idée et se démontre historiquement. Avant tout c’est l’idée du capital qui doit être donné, et ensuite celle du revenu qui doit en dériver. Vous expliquez, au contraire, le capital comme provenant du revenu !