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aujourd’hui. Un peigne en cuivre pour rebrousser les poils des ciseaux courbes sur le plat, c’étaient là tous les instruments manuels de l’opération de la tonte. Plus tard, on a cherché, surtout chez les chevaux de luxe, à régulariser très uniformément tous les poils, en promenant à la surface de la peau une mèche enflammée. Une lampe grossière, espèce de tube en fer-blanc, à laquelle on adapte pour mèche une bande de drap, de huit à dix centimètres, suffit à cet effet. Remplie d’esprit de vin et allumée, elle est promenée sur toute la surface du corps et remplit parfaitement son but. On doit cependant user de quelques précautions pour ne pas brûler la peau, circonstance toujours fâcheuse, la brûlure ne serait-elle qu’au premier degré. Du reste l’accident est d’autant plus facile à se produire que les animaux cherchent souvent à se défendre de ce complément d’opération. Ainsi pratiqué, le tondage est une opération demandant beaucoup de temps, difficile à bien exécuter, et par suite très coûteuse. Il faut une vingtaine d’heures à un bon ouvrier pour tondre un cheval de taille moyenne, et le prix varie de 70 à 20 francs, selon que la besogne est mal ou bien faite. C’est là, il faut le dire, un prix énorme qui nous explique à lui seul pourquoi le tondage est resté pendant longtemps l’apanage des chevaux de luxe, sur ceux précisément qui reçoivent un pansage journalier et bien appliqué ; sur ceux enfin qui pourraient le mieux se passer des outils du tondeur.

Les choses en étaient encore à ce point en 1862. À cette époque nous voyons apparaître dans nos journaux scientifiques la description d’une tondeuse mécanique. Cette machine, dont l’invention est due à M. Armand de Nabat, permet de réaliser une économie de temps et de frais de main d’œuvre considérable sur le procédé aux ciseaux qu’elle est destinée à remplacer complètement.