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constater un état de conservation plus parfait que je n’étais fondé à l’attendre d’après les circonstances connues de l’autopsie et de l’inhumation. Ce n’est point ici le lieu d’examiner les causes nombreuses qui ont pu arrêter à ce point la décomposition des tissus ; mais nul doute que l’extrême solidité de la maçonnerie du tombeau, et les soins apportés à la confection et à la soudure des cercueils métalliques, n’aient contribué puissamment à produire ce résultat. Quoi qu’il en soit, j’ai dû redouter pour ces restes le contact de l’air atmosphérique ; et, convaincu que le meilleur moyen d’en assurer la conservation était de les soustraire à son action destructive, je me suis rendu avec empressement aux invitations de M. le commissaire du roi, qui demandait que l’on fermât les cercueils.

« J’ai remis à sa place le satin ouaté, après l’avoir légèrement enduit de créosote ; j’ai fait fermer hermétiquement les caisses en bois, et souder avec le plus grand soin les caisses en métal.

« Les restes de l’empereur Napoléon sont aujourd’hui dans six cercueils :

« 1° Un cercueil en fer-blanc ; — 2° un cercueil en bois d’acajou ; — 3° un cercueil en plomb ; — 4° un second cercueil en plomb, séparé du précédent par de la sciure et des coins de bois ; — 5° un cercueil en bois d’ébène ; — 6° un cercueil en bois de chêne, qui protège le cercueil en ébène.

« Fait à l’île Sainte-Hélène, le 15 du mois d’octobre 1840.

Signé Remi Guillard, docteur-médecin.
« Le commissaire du roi,
« Signé Ph. De Rohan-Chabot. »