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palmes et de lauriers, rappelait les victoires du plus grand capitaine des temps modernes. La hauteur totale du char était de 10 mètres ; largeur, 4 mètres 80 centimètres ; longueur, 10 mètres ; poids, 13.000 kilogrammes.

A peine le char funèbre, ou pour mieux dire ce char de triomphe eût-il été poussé jusqu’au rivage, que la Dorade n° 3 vint s’amarrer au quai. Les marins de la Belle-Poule, soulevant le corps au bruit du canon, au cri de vive l’Empereur, le transportèrent à terre et le déposèrent dans l’intérieur du char. Le cénotaphe que nous venons de décrire occupait à l’extérieur la place du véritable cercueil. L’affluence des spectateurs était immense. L’hiver n’a jamais été plus rigoureux que ce jour-là ; partout le froid, partout le silence, ce silence glacé de décembre qui vous saisit jusqu’au fond de l’âme ; mais qu’importe l’hiver et que nous importe le froid, quand il s’agit d’aller au-devant du grand homme qui est de retour ? Il nous revient, il nous appelle, il nous attend ; allons à sa rencontre. Hélas ! déjà une fois nous l’avons vu revenir dans sa capitale agitée, non pas comme dans sa bière, mais debout, à cheval, l’épée au fourreau, accompagné de ses vieux soldats qui pleuraient de joie… Retour d’une heure… Mais cette fois il nous est revenu pour toujours.

Le cortêge s’avançait dans l’ordre suivant :

La gendarmerie du département de la Seine, précédée des trompettes. — La garde municipale à cheval (deux escadrons), avec l’éten-