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ceau, par M. Lévêque ; Desaix, par M. Jouffroy ; Kléber, par M. Simard ; Lannes, par M. Klagman ; Masséna, par M. Brian, Mortier, par M. Millet ; Macdonald, par M. Bosio. Entre les statues de l’esplanade, des trépieds portaient des flammes. Aux deux côtés de l’esplanade, à droite et à gauche, d’immenses estrades pouvaient contenir trente-six mille spectateurs, et s’avançaient jusqu’à la grille d’entrée des Invalides.

Le 15 décembre, dès cinq heures du matin, on battait le rappel, le canon des Invalides annonçait la solennité. Paris fut bientôt sur pied, Paris, débouchant de toutes les barrières, de toutes les issues, arrivait par l’avenue de Neuilly, par le bois de Boulogne ; c’était une fête, c’était une affluence, c’était un enthousiasme dont l’histoire aura grand’peine à donner une idée. À neuf heures, le char impérial arriva au débarcadère de Courbevoie ; il était traîné par seize chevaux noirs, ornés de panaches blancs et recouverts de caparaçons de drap d’or ; chaque housse relevée par les armoiries impériales brodées en pierreries, et par des aigles, des N et des lauriers émaillés sur les fonds. Seize piqueurs aux livrées impériales conduisaient les quadriges ; deux pi— ! queurs à cheval les précédaient.

Le socle, reposant sur quatre roues massives et dorées, était un carré long, avec une plate-forme demi-circulaire sur le devant. Sur cette plate-forme, un groupe de génies supportait la couronne de Charlemagne ; aux quatre angles, quatre autres génies en bas-relief soutenaient d’une main des guirlandes, et de l’autre embouchaient la trompette de la Renommée.

Au-dessus, des faisceaux ; au milieu, des aigles, et le chiffre de l’Empereur parmi des couronnes. Ce socle et ses ornements étaient entièrement dorés au mat. Le piédestal était tendu d’étoffes or et violet, au chiffre et aux armes de l’Empereur, avec quatre faisceaux d’armes aux extrémités. De longues draperies violettes, rehaussées d’abeilles, d’N, d’aigles et de lauriers, le recouvraient depuis le sommet jusqu’à terre. Une large guirlande régnait sur toute la longueur du piédestal, que couronnait une galerie d’ornements et quatre aigles. Quatorze statues dorées représentaient des Victoires, qui rapportaient triomphalement le cénotaphe sur un vaste bouclier d’or chargé de javelines. Le cénotaphe, reproduction fidèle du cercueil de Napoléon, était voilé d’un long crêpe violet, semé d’abeilles d’or. La couronne impériale, le sceptre et la main de justice en or rehaussé de pierreries, étaient déposés sur le cercueil. À l’arrière du char, un trophée de drapeaux, de