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« Tant d’héroïsme dans la défensive de Masséna et de ses braves avait produit la plus grande sensation au milieu des deux armées, et singulièrement augmenté chez nous l’ardeur pour attaquer le lendemain et l’espoir d’une complète victoire. Napoléon, renforcé par le corps de Lannes, veut attendre l’arrivée de Davoust et de la réserve pour faire sa grande attaque ; mais dès deux heures du matin, avant le point du jour, le combat avait recommencé à Asparn, et quelque temps après sur toute la ligne. Le généralissime autrichien s’était enfin décidé à faire avancer la réserve de grenadiers qu’il avait jusque-là si mal à propos laissée en arrière. Ce prince aurait dû sentir dès le premier moment la nécessité de brusquer une telle affaire. Ses retards avaient laissé arriver trois de nos divisions de plus à la rive gauche. Il persiste dans son même système de bataille, et s’acharne de nouveau contre Asparn ; il attaque moins vivement Essling, où Lannes se trouve renforcé par deux divisions. Mais le général ennemi ne s’occupe nullement des moyens de tourner ces deux villages, et surtout Asparn. Son feu et ses masses l’écrasent de nouveau et lui facilitent les moyens de s’en emparer. Masséna fait relever la division Molitor par celle de Saint-Cyr. Le 24e léger pénètre dans le village, culbute l’ennemi dans la grande rue et coupe une colonne qui s’avançait par la rue parallèle. Huit cents hommes, dont onze officiers et un général, avec six pièces de canons, sont enlevés