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du voyage qui était entrepris. La frégate doubla vite le cap Scépée, et bientôt les forts de Sainte-Catherine et de l’Artigue disparurent dans l’ombre. Le lendemain, on arriva devant les terres d’Espagne. L’expédition franchit le travers des côtes de la Catalogne ; le golfe de Roses, le Cap Ségu, Barcelonne, Tarragone, Tortose, à l’embouchure de l’Ebre, Orapeza, les îlots de Columbrettes, Valencay, Iviça, la dernière des Baléares, furent dépassés. Le 12 juillet, la messe fut célébrée en mer par l’abbé Coquereau ; c’était un dimanche, le temps était magnifique ; on courait grand largue, et la frégate, appuyée par la presque totalité de ses voiles, n’avait qu’un mouvement peu sensible. A onze heures, le tambour annonça la messe ; à l’élévation, il battit aux champs : tous se découvrirent sur le pont. Le 13 et le 14, la mission laissa derrière elle Alicante, Carthagène, le cap Saint-Vincent de Palos ; celui de Gates avait été presque doublé. On pouvait reconnaître avec les lunettes les côtes dentelées et couvertes de forts sarrasins. Le souvenir de l’Albambra et des Abencerrages revint à l’esprit de plusieurs. La beauté du temps ne pouvait permettre aucun séjour à Malaga ; la brise était favorable pour passer le détroit sans délai. La mission fut bientôt en vue de Calpé et Abyla, les colonnes d’Hercule, le terme du monde ancien. Bientôt le fort dominant Gibraltar salua l’expédition. On aperçut ensuite le Mont-aux-Singes et Ceuta, la ville africaine ; Algésiras et Trafalgar apparurent avec rapidité. Tanger se dessinait de l’autre côté à la pointe ; le cap Spartel était doublé, il ne fallait plus qu’un jour