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pressait sur mon passage, j’étais son dieu, son idole. Elle m’est restée fidèle. Sans doute vous ne vous souvenez qu’à peine, car vous étiez si jeune alors, de mon expédition d’Égypte, de mon arrivée, de mon débarquement à Ajaccio, à Fréjus, et des transports avec lesquels je fus accueilli ? — Je me rappelle cette apparition inattendue qui changea la face de l’Europe. J’écoutais avec admiration ce qu’on racontait du général Bonaparte, et des merveilles qu’il avait exécutées. On buvait, Sire, à vos succès, on faisait pour vous les vœux les plus vifs. Je conserve parfaitement le souvenir de l’impression que fit sur moi l’allégresse de tout un peuple qui n’espérait qu’en vous. — Quel âge aviez-vous lorsque vous avez quitté la Corse ? — Environ quinze ans. — Il y a à Livourne des Capocorsini fort riches. — Oui, Sire, quelques-uns sont devenus patriciens, d’autres ont été faits nobles : le grand-duc les a bien traités. — Vous avez fait vos études à Pise ? — Je les ai commencées à Livourne, d’où j’ai été les continuer à Pise et à Florence. Je résidais à Florence, où j’ai exercé jusqu’au moment de mon départ. — La grande-duchesse Élisa était-elle aimée en Toscane ? — Aimée et crainte tout à la fois. — Faisait-elle quelque chose pour se concilier ses sujets ? — Elle chérissait les arts, elle