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C’est ce document qui décida mon départ pour Sainte-Hélène. Je franchirai ici beaucoup de détails qui précèdent et accompagnent les préparatifs de ce voyage, et commencerai mon récit au moment où nous tenons la mer pour cette direction. Nous nous étions embarqués à Deptford, suivant les instructions ministérielles (9 juillet), sur un mauvais brick de commerce chargé de farine. Lorsque nous nous trouvâmes par le travers du cap Palme, nous serrâmes la côte ; nous vîmes aussitôt des canots se détacher, accourir à nous. Les esquifs étaient légers, étroits et bas, manœuvrés par des hommes accroupis : ils glissaient sur la surface de la mer. Nous mîmes en panne » et ils furent bientôt sur nous : ils nous apportaient des provisions. « Ou allez-vous ? » nous demanda l’un d’eux. * » À Sainte-Hélène. « Ce mot le frappa. Il resta stupéfait. « À Sainte-Hélène, répéta-t-il d’un ton pénétré. Est-il vrai qu’il y soit ? — Qui ? » demanda le capitaine. L’Africain, en lui jetant un regard dédaigneux, vint à nous et nous répéta la question. Nous répondimes qu’il y était. Il nous regarda silencieusement, secoua la tête, en laissant échapper le mot « Impossible ! » Nous nous regardions les uns et les autres. Nous ne savions quel était ce sauvage qui parlait anglais, français, et qui avait une si haute idée de l’Empereur. « Vous le