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sure fut assez forte pour me donner Ia fièvre. A Marengo, un boulet emporta un morceau de la botte de ma jambe gauche avec un peu de peau. Je ne fis usage que d’un petit morceau de linge imprégné d’eau salée. »

Je lui demandai quelques renseignements sur une cicatrice profonde que j’avais aperçue dans la partie inférieure de la cuisse gauche. Napoléon me dit que e’était un coup de baïonnette. Je lui demandai aussi s’il n’avait pas eu très-souvent des chevaux tués sous lui.

« Oui, dix-huit ou dix-neuf. »

« Le régiment de La Fère, dans lequel j’ai commencé ma carrière, se conduisit si mal à Turin, que je fus obligé de le dissoudre. Je le fis venir à Paris, je le passai en revue ; après quoi ses drapeaux lui furent enlevés, et portés couverts d’un crêpe funèbre aux Invalides. Je plaçai les officiers dans d’autres régiments. J’exceptai pourtant les auteurs du mal. Quatre mois après je reformai entièrement le régiment, officiers et soldats. Les drapeaux, que j’envoyai reprendre avec une pompe toute militaire à l’hôtel des Invalides, furent lacérés, brûlés et remplacés par de nouveaux que je fis distribuer avec solennité.

« A l’âge d’environ dix-sept ans, je faillis me noyer dans la Seine ; une