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lérance s’éteindra chez les catholiques ; agissez envers eux, comme j’ai agi envers les protestants de France. »

30. — Napoléon s’est plaint de nouveau de l’hypocrisie d’Hudson. « Dites-lui que sa conduite, en acceptant la médiation de l’amiral et en la déclinant ensuite, est celle d’un homme senza parola e senza fide (sans parole et sans foi). Il a manqué au devoir le plus simple, rompu un traité que les Bédouins envisagent, d’homme à homme, comme sacré, mais que les agents des ministres anglais ne respectent pas ! »

31. — Je suis allé chez le gouverneur, et lui ai fait part, avec une grande modération, du message dont j’étais chargé. Il m’a répondu qu’il s’effrayait peu des plaintes que le général Bonaparte pouvait adresser en Angleterre.

L’amiral Malcolm, lady Malcolm, et le capitaine Meynel sont venus chez Napoléon.

1er février. — Les discussions avec le gouverneur reprennent une nouvelle vivacité.

Il a rompu le cachet d’une lettre que le général Bertrand écrivait à son père, pour lui annoncer qu’un nouvel enfant lui était né ; cette lettre se terminait par ces mots : « Nous écrivons à M. de La Touche pour lui donner d’autres renseignements. » Ces mots effrayèrent le gouverneur, qui pensa qu’on avait déjà écrit ; il dépêcha aussitôt un message au comte Bertrand, pour se plaindre. Il fallut lui expliquer que cette lettre n’avait point encore été écrite.

J’ai rencontré Hudson Lowe sur les hauteurs de Hut’s-Gate. Je lui ai dit que Napoléon se plaignait encore de la surveillance sévère dont lui et les siens étaient l’objet. Je ne déguisai rien de l’aigreur des paroles de Napoléon : Hudson Lowe pâlit. Je lui rappelai qu’on ne pouvait pas trouvera Longwood de l’eau en quantité suffisante pour procurer à Napoléon quelques bains. « Je ne savais pas, dit-il, que le général Bonaparte eût besoin de se faire bouillir pendant un si grand nombre d’heures dans l’eau chaude ! »

2. — J’ai vu Napoléon, il était au bain. Bertrand a reçu une lettre du gouverneur ; c’est un tissu d’inepties et de lâchetés.

4. — L’eau devient de plus en plus rare à Longwood.

6. — Lady Lowe a fait une visite à la comtesse Bertrand.

J’ai eu aujourd’hui un nouvel et long entretien avec le gouverneur au sujet du rétablissement des anciennes limites. Sa conclusion est que, s’il les rétablit, Bonaparte ne pourra visiter aucune maison sans être accompagné d’un officier anglais.