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Longwood. « Il faudrait que je fusse at the Briars, ou de l’autre côté de l’île. Cette partie de l’île est épouvantable. » Il me parla des moyens qui procurent une mort facile. Il paraissait penser que le froid était le premier, parce que si muore dormendo (on meurt en dormant).

J’ai écrit au gouverneur sir Hudson Lowe, pour le prévenir de l’indisposition de Napoléon.

Le lieu où nous sommes est si stérile, qu’il n’y croit pas une seule plante.

Napoléon a parlé longtemps aujourd’hui de l’impératrice Joséphine ; ses termes étaient des plus affectueux. Il a fait, dit-il, la première connaissance de cette femme excellente lors du désarmement des sections de Paris, après le 13 vendémiaire. « Un jeune enfant de douze ou treize ans se présenta chez moi pour me supplier de lui faire rendre l’épée de son père, qui avait été général de la république, lequel était mort sur l’échafaud. Je fus si touché de cette prière affectueuse, que j’ordonnai que l’épée lui fût remise. Ce jeune enfant était Eugène Beauharnais. « En voyant l’épée, il fondit en larmes. Son action m’émut, et je le lui fis voir. — Quelques jours après, sa mère vint me remercier. Sa personne me frappa, mais encore plus son esprit. Cette impression augmenta chaque jour. Notre mariage vint peu de temps après. »