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routes, la capitale se trouvèrent inondés d’agents des Bourbons. On en saisit un grand nombre, mais on ne pouvait encore pénétrer leurs motifs. Ils étaient de tous rangs, de toutes couleurs. Toutes les passions se réveillèrent ; la rumeur devint extrême ; l’opinion publique s’accumulait en véritable orage ; la crise devenait des plus sombres ; la police était aux abois et ne pouvait rien obtenir. Ce fut ma sagacité qui me sauva, remarquait Napoléon. Me relevant dans la nuit, ainsi que cela m’était fort ordinaire, pour travailler, le hasard, qui gouverne le monde me fait jeter les yeux sur un des derniers rapports de la police, contenant les noms de ceux qu’on avait déjà arrêtés pour cette affaire, dont on ne tenait encore aucun fil. J’y aperçus un chirurgien des armées ; je ne doutai pas qu’un tel homme ne fût plutôt un intrigant qu’un fanatique dévoué. Je fis diriger aussitôt sur lui tous les moyens propres à obtenir un prompt aveu ; une commission militaire fut à l’instant saisie de son affaire ; au jour il était jugé, et menacé de l’exécution s’il ne parlait. Une demi-heure après, il avait découvert jusqu’aux plus petits détails. Alors on connut toute la nature et l’étendue