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Détails officiels des dépenses en travaux publics depuis l’avènement de Napoléon au trône impérial, présenté au Corps Législatif par M. le ministre de l’intérieur, avec les pièces à l’appui.


Palais impériaux et bâtiments de la couronne 62.000.000
Fortifications 144.000.000
Ports maritimes 117.000.000
Grand-routes, chaussées, etc 277.000.000
Ponts à Paris et départements 31.000.000
Canaux, navigation et dessèchement 123.000.000
Travaux de Paris 102.000.000
Édifices publics des départements et grandes villes 149.000.000
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_________TOTAL… 1.005.000.000


L’Empereur très souffrant ; mélancolie – Anecdotes de gaieté – Deux aides de camp – Échauffourée du général Mallet.


Dimanche 3.

L’Empereur a continué de se renfermer hermétiquement. Sur la fin du jour, il m’a fait appeler : il souffrait moins, me disait-il, de sa fluxion ; mais il ne se trouvait guère mieux de tout le reste ; en somme, il éprouvait beaucoup d’affaiblissement, et se sentait, me disait-il, de la tristesse et de la mélancolie ; aussi avait-il voulu, ajoutait-il, passer tout le jour en idées noires. Il était dans son bain. Après quelques moments de silence, comme en se réveillant, et avec un effort pour se distraire : « Allons, ma sœur Dinarzade, a-t-il dit, si vous ne dormez pas, racontez-moi une de ces histoires que vous savez si bien. Il y a longtemps, mon cher que vous ne m’avez parlé de vos amis du faubourg Saint-Germain ; allons. – Mais, Sire, il y a longtemps que je raconte, et je dois être au bout. J’ai épuisé toutes les jolies histoires vraies ou fausses qui s’y débitent ; il ne resterait plus que le scandale, et Votre Majesté sait ou doit savoir qu’il ne s’y en passe jamais. Toutefois voici encore quelque chose qui me revient en cet instant : Un jour M. de Talleyrand, partant pour son ministère, dit à Madame de Talleyrand qu’il lui ramènerait à dîner M. Denon, et qu’elle voulût bien s’efforcer de lui être agréable ; que le meilleur moyen d’y réussir serait de parcourir son ouvrage, et de lui en parler ; qu’elle le trouverait dans sa bibliothèque, à tel endroit, tel rayon. Madame de Talleyrand va prendre l’ouvrage qui fait ses délices, et se fait une joie d’en entretenir bientôt le héros. Aussi, à peine à table, elle dit à M. Denon, qu’elle avait soigneusement placé à côté d’elle, qu’elle venait de lire son livre qu’il l’avait rendue tout à fait heureuse, et M. Denon de s’incliner ; qu’il avait parcouru de bien mauvais pays, et avait dû bien souffrir, et M. Denon de s’incliner encore ; qu’elle avait bien sincèrement partagé ses peines. Jusque-là tout allait à merveille. Mais mon ravissement, s’écria-t-elle, a été au comble, quand, dans votre solitude, j’ai vu vous arriver le