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de finances sagement et rigoureusement conduites ! Certes, si à ce que nous venons de mentionner on veut unir par la pensée la masse des fortifications, la multitude des routes, la foule des ponts, celle des canaux, la grande quantité d’édifices, on n’hésitera pas à prononcer que jamais homme sur la terre ne fit autant de choses en aussi peu de temps et en surchargeant moins les peuples.

L’Italie, dont il était le roi, eut aussi sa part de ces magnifiques créations. Il brisa les Alpes en plusieurs points, sillonna les Apennins des plus belles routes, construisit un arsenal maritime à Gênes, fortifia Corfou de manière à en faire la clef de la Grèce, répara et agrandit le port de Venise dont il voulait faire creuser les passes, et qu’en attendant on rendit propres à nos gros vaisseaux français, à l’aide du système des chameaux de la Hollande ; et, comme dès en sortant ils couraient risque d’être attaqués dans cette attitude dangereuse sur leurs chameaux, il fut ordonné de voir si ceux-ci ne pouvaient pas être armés eux-mêmes de leurs propres batteries, ce qui, je crois, a été exécuté ou allait l’être. Napoléon, en outre, méditait encore un arsenal maritime à Raguse, un autre à Pola en Istrie, un autre à Ancône ; il arrêtait l’heureuse et hardie mesure d’unir le golfe de Venise à celui de Gênes, à l’aide du Pô et d’un canal qui, partant d’Alexandrie, eût gagné Savone au travers de l’Apennin ; résultat immense, qui, indépendamment de tous les grands profits du commerce, eût eu, sous le rapport militaire, l’inappréciable avantage de mettre en communication directe et à l’abri de l’ennemi Venise et toutes les productions navales de l’Adriatique avec Toulon et tous ses besoins maritimes. Enfin Napoléon désencombrait Rome, restaurait un grand nombre d’anciens vestiges des Romains, projetait le dessèchement des marais Pontins, etc., etc.

Du reste, voici le préambule de l’exposé de la situation de l’empire, présenté au Corps Législatif, dans la séance du 25 février 1813, par le comte de Montalivet, ministre de l’intérieur. C’est dans ce magnifique exposé, fondé dans tous ses points sur des documents authentiques à l’appui, qu’on pourrait prendre une idée juste de l’ensemble des merveilles de l’administration de l’empereur Napoléon. Nous avons cru nous rendre agréable en terminant par le détail officiel des dépenses en travaux publics sous cette époque à jamais mémorable.

« Messieurs, dit le ministre, Sa Majesté m’a ordonné de vous faire connaître la situation de l’intérieur de l’empire dans les années 1811 et 1812.

« Vous verrez avec satisfaction que, malgré les grandes armées que