Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

branches de son économie politique. Il répara et accrut aussitôt les arsenaux de la Meuse, ceux de Rotterdam et d’Helvœt-Sluys. Les vaisseaux de guerre n’atteignaient Amsterdam et n’en sortaient qu’à force d’argent, de temps et d’efforts ; il fallait les traîner vides et désarmés sur des chameaux à l’ouverture du Zuyderzée. C’étaient des opérations qui ne convenaient plus à la célérité et aux grands moyens du temps. L’Empereur résolut de transporter l’arsenal du Nord (celui d’Amsterdam) en dehors de tous ces grands embarras, et ordonna la création ou l’amélioration du Nievendip, où en peu de temps vingt-cinq vaisseaux pouvaient déjà hiverner en sûreté et s’amarrer à des quais magnifiques. Ce point précieux fut placé sous la défense du système militaire du Helder, clef de la Hollande, dont l’étendue avait été calculée, dans la pensée de l’Empereur, de manière à faire du Nievendip l’Anvers du Zuyderzée.

Travaux du Veser, de l’Ems, de l’Elbe. – Dès que Napoléon eut réuni les pays de Brême, Hambourg et Lubeck à l’empire, ses travaux et ses créations s’y répandirent avec sa domination. Il ordonna des ouvrages pour rendre l’Elbe accessible à des vaisseaux de ligne, et projeta de construire un arsenal maritime à Delfzil, à l’embouchure de l’Ems ; mais ce qui l’occupa surtout, ce fut un système de canalisation à l’aide de l’Ems, du Veser et de l’Elbe, qui put joindre la Hollande à la Baltique ; ce qui nous eût permis désormais de communiquer en toute sûreté, et par une simple navigation intérieure, de Bordeaux et de la Méditerranée avec les puissances du Nord. Nous en eussions reçu à notre aise toutes les productions navales pour chacun de nos ports, et nous eussions pu faire déboucher contre elles au besoin nos flottilles de la Manche et de la Hollande, etc., etc.

Tant et de si grands travaux furent conçus et la plupart exécutés en un clin d’œil. La volonté créatrice de Napoléon les ordonna ; le ministre Decrès les poursuivit avec obstination. Les Prony, les Sganzin, les Cachin et autres en fournirent les plans et les exécutèrent. Heureux les noms qui se rattachent à de tels monuments ! ils ne périssent jamais !

Si à ce que nous venons d’énumérer on joint d’autres prodiges simultanés dans toutes les autres branches et sur toutes les autres parties du territoire, et si l’on considère qu’ils s’exécutaient au milieu d’une guerre perpétuelle, et sans plus, peut-être même avec moins de charges qu’il n’en pèse aujourd’hui, après une longue paix, sur chacun des pays qui composaient ce vaste empire, on aura le droit sans doute de s’extasier de surprise et d’admiration, tant est grande pourtant l’influence d’une volonté ferme, et celle des lumières armées du pouvoir, et du secours