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d’un augure favorable ; nous nous permîmes de le leur faire observer galamment, et voulûmes faire les aimables : « Messieurs, nous dit assez aigrement l’une des deux amazones, nous sommes restées parce que nous nous sentions le courage de vous dire en face que nos prétendus sont en armes contre vous, et qu’ils ont nos vœux au moins autant que nos cœurs. » Ce langage était intelligible, aussi nous n’en demandâmes pas davantage, et nous allâmes nous loger ailleurs.

« Quoi qu’il en soit ; nous voilà donc en France, et à la suite de cette armée prussienne qui poursuit brillamment ses succès, nous laissant de trois ou quatre marches en arrière. Et soit pour se rire de nous, parce que nous les avions assurés que toutes les villes ouvriraient leurs portes à notre vue, soit pour se délivrer de nos importunités, ils nous donnèrent à faire le siège de Thionville. Nous approchons de la place, et, par une de ces bizarreries singulières du hasard, le corps de la marine s’y trouve précisément opposé aux volontaires nationaux de Brest : ils se reconnaissent, et Dieu sait la volée d’épithètes et d’injures qui sont aussitôt échangées.

« Toutefois la place de Thionville est, comme l’on sait, des plus fortes ; or nous manquions de tout, et nous ne pouvions la prendre