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étaient sorties le matin pour le combattre. Un régiment, posté à Montereau, en franchit spontanément le pont, courut sur Melun et chargea les gardes du corps qui s’y trouvaient ; et c’est, dit-on, ce qui décida le départ si soudain de la famille royale.

L’Empereur nous dit souvent que, s’il eût voulu ou ne s’y fût pas opposé, il eût traîné avec lui à Paris deux millions de paysans. À son approche, toutes les campagnes se levaient en masse ; aussi répète-t-il souvent qu’il n’y a eu de véritables conspirateurs que l’opinion.

Le lendemain de l’arrivée de l’Empereur aux Tuileries, quelqu’un lui ayant dit qu’il ne vivait que de prodiges, mais que ce dernier allait effacer tous les autres, je l’entendis répondre qu’il n’avait ici d’autre mérite que d’avoir bien jugé de l’état des choses en France, et d’avoir su lire dans le cœur des Français. Dans un autre moment, il nous rappelait que cela seul avait été toutes ses intelligences ; « car, observait-il, si l’on excepte Labédoyère qui accourut à moi d’enthousiasme et de cœur, et un autre encore qui me rendit franchement de grands et vrais services, presque tous les autres généraux, sur la route, se montrèrent incertains et de mauvaise grâce ; ils ne firent que céder à