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tumulte se fait entendre : c’étaient les portes de la ville que les habitants venaient lui offrir, disaient-ils, au défaut des clefs qu’on n’avait pu lui présenter.

« Une fois dans Grenoble, j’étais devenu une véritable puissance, disait l’Empereur, j’eusse pu nourrir la guerre, s’il fût devenu nécessaire de la faire. »

L’Empereur regrettait fort alors de n’avoir pas fait imprimer ses proclamations à l’île d’Elbe ; mais il avait craint de laisser pénétrer son secret. Il les avait donc dictées à bord du brick, où tout ce qui savait écrire avait été employé à les copier. On était obligé d’en écrire encore chemin faisant, afin de les répandre dans la route, tant elles étaient avidement demandées, elles étaient donc rares, souvent incorrectes ou même illisibles ; et pourtant on en sentait à chaque pas la nécessité, car on s’apercevait aussitôt de toute l’impression qu’elles produisaient. Ces populations se sont fort éclairées par nos vingt dernières années, et, malgré tout le bonheur de revoir l’Empereur, on s’y demandait cependant avec inquiétude quel allait être son objet. Tous étaient aussitôt satisfaits quand ils avaient lu le sentiment national des proclamations,