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pour montrer qu’il n’était pas chargé, lui répondit : « Tiens, regarde si j’aurais pu te faire beaucoup de mal : tous les autres sont de même. » Et des cris de vive l’Empereur ! partent de tous côtés. Napoléon commande au bataillon un demi-tour à droite, et tout marche vers Paris.

À peu de distance de Grenoble, le colonel Labédoyère, à la tête de son régiment, vint se joindre à lui. Alors l’impulsion fut prononcée, et la question, dit l’Empereur, à peu près décidée.

Tous les paysans du Dauphiné bordaient les routes : ils étaient ivres et furieux de joie. Quand le premier bataillon dont on vient de parler hésitait encore, il s’en trouvait des milliers sur ses derrières, cherchant à le décider par leurs cris de vive l’Empereur ! tandis qu’une foule d’autres étaient sur les derrières de Napoléon, excitant la petite troupe à avancer, l’assurant qu’il ne lui serait fait aucun mal.

Dans une certaine vallée s’offrit le spectacle le plus touchant qu’on puisse imaginer : c’était la réunion d’un grand nombre de communes, ayant avec elles leurs maires et leurs curés. Du milieu de cette foule se