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pendant qu’il était à table, il en fit venir le paysan ; le questionna sur tout ce qui pouvait le rendre heureux, lui dit de le demander hardiment, et pour lui donner plus de confiance, il lui fit boire, disait-il, plusieurs verres de vin. Le paysan, moins circonscrit et mieux avisé que dans les Trois Souhaits, parcourut le maximum de tous ses besoins. L’Empereur commanda au préfet d’y pourvoir sur-le-champ. On fit le compte, et la somme ne s’élevait pas au-dessus de 6 à 7.000 francs.

Une autre fois, en Hollande, disait-il encore, faisant une traversée en yacht, et causant avec celui qui tenait le gouvernail, il lui demandait ce que pouvait valoir son bâtiment. « Mon bâtiment ! il n’est pas à moi, dit l’homme ; je serais trop heureux, il ferait ma fortune. – Eh bien ! je te le donne, » dit l’Empereur à cet homme, qui y parut fort peu sensible. On prit sa froide indifférence pour le flegme naturel du pays ; mais ce n’était pas cela. « Quelle faveur m’a-t-il donc faite ? dit-il à un de ses camarades qui le félicitait ; il m’a parlé, et voilà tout ; il m’a