tares. Et vous, Anglais, a-t-il dit en finissant, vous, Anglais, vous pleurerez votre victoire de Waterloo ! On amènera les choses à ce que la postérité, les gens instruits, les vrais hommes d’État, les vrais hommes de bien, regretteront amèrement que je n’aie pas réussi dans toutes mes entreprises. »
L’Empereur a eu des moments sublimes. Je ne le suivrai point dans ses développements. Il a promis de les dicter, et a dit en avoir déjà arrêté le cadre et les bases en quatorze paragraphes.
L’Empereur n’est sorti que sur les quatre heures. Il venait de passer trois heures dans son bain. Le temps était fort aigre ; il s’est contenté de quelques tours dans le jardin. Il venait de faire écrire au gouverneur qu’il ne recevrait désormais personne, à moins qu’on n’admît à Longwood sur les passes du grand maréchal, comme au temps de l’amiral Cockburn.
Avant de se mettre aux échecs, l’Empereur a trouvé sous sa main un volume de Fénelon. C’était la direction de conscience d’un roi. Il nous en a lu bon nombre d’articles, les sabrant tout d’abord avec beaucoup d’esprit et de gaieté. Enfin il a jeté le livre, disant que le nom d’un auteur n’avait jamais influé sur son opinion ; qu’il avait toujours jugé les ouvrages sur ce qu’ils lui faisaient éprouver, louant volontiers, censurant de même, et qu’ici, en dépit du nom de Fénelon, il n’hésitait pas à prononcer que c’étaient autant de rapsodies.
Après dîner, l’Empereur parlait de l’ancienne marine, de M. de Grasse, de sa défaite du 12 avril. Il a voulu avoir quelques détails ; il a demandé le Dictionnaire des Sièges et Batailles. L’Empereur l’a parcouru ; il lui a fourni une foule d’observations. Catinat, pour son malheur, s’est trouvé sous sa main ; il l’a rabaissé infiniment à nos yeux. Il l’avait trouvé, disait-il, fort au-dessous de sa réputation, à l’inspection des lieux où il avait opéré en Italie, et à la lecture de sa correspondance avec Louvois. Sorti du tiers-état, observait-il, et du corps des avocats, avec des vertus douces, des mœurs, de la probité, affectant la pratique de l’égalité, établi à Saint-Gratien, aux portes de Paris, il était devenu l’affection des gens de lettres de la capitale, des philosophes du jour, qui l’avaient beaucoup trop exalté. Il n’était nullement comparable à Vendôme, prononçait-il.
L’Empereur disait qu’il avait cherché à étudier de même Turenne et