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n’ayant fait dans la journée que deux petites lieues, au lieu de continuer jusque vis-à-vis Wavres, c’est-à-dire d’en faire encore trois, fut aggravée et rendue irréparable par celle qu’il fit le lendemain 18, en perdant douze heures, et n’arrivant qu’à quatre heures après midi devant Wavres, au lieu d’y arriver a six heures du matin.

« 1° Chargé de poursuivre le maréchal Blucher, Grouchy le perdit de vue pendant vingt-quatre heures, depuis le 17 à quatre heures après midi jusqu’au 18 à quatre heures après midi.

« 2° Le mouvement de la cavalerie sur le plateau, pendant que l’attaque du général Bulow n’était pas encore repoussée, fut un accident fâcheux. L’intention du chef était d’ordonner ce mouvement, mais une heure plus tard, et de le faire soutenir par les seize bataillons d’infanterie de la garde et cent pièces de canon.

« 3° Les grenadiers à cheval et les dragons de la garde, que commandait le général Guyot, s’engagèrent sans ordre. Ainsi, à cinq heures après midi, l’armée se trouva sans avoir une réserve de cavalerie. Si, à huit heures et demie, cette réserve eût existé, l’orage qui bouleversa le champ de bataille eût été conjuré, les charges de cavalerie ennemie repoussées ; les deux armées eussent couché sur le champ de bataille, malgré l’arrivée successive du général Bulow et du maréchal Blucher. L’avantage eût encore été pour l’armée française, car les trente-quatre mille hommes du maréchal Grouchy, ayant cent huit pièces de canon, étaient frais, et bivouaquèrent sur le champ de bataille. Les deux armées ennemies se fussent dans la nuit couvertes par la forêt de Soignes. L’usage constant dans toutes les batailles était que la division des grenadiers et dragons de la garde ne perdît pas de vue l’Empereur, et ne chargeât qu’en vertu d’un ordre donné verbalement par ce prince au général qui la commandait.

« Le maréchal Mortier, qui commandait en chef la garde, quitta ce commandement le 15, à Beaumont, comme les hostilités commençaient ; il ne fut pas remplacé, ce qui eut plusieurs inconvénients.

Sixième observation. – « 1° L’armée française manœuvra sur la droite de la Sambre le 13 et le 14. Elle campa la nuit du 14 au 15 à une demi-lieue des avant-postes prussiens, et cependant le maréchal Blucher n’eut connaissance de rien ; et lorsque, le 15 dans la matinée, il apprit, à son quartier-général de Namur, que l’Empereur entrait à Charleroi, l’armée prusso-saxonne était encore cantonnée sur une étendue de pays de trente lieues ; il lui fallait deux jours pour se réunir. Il eût dû, dès le 15 mai, porter son quartier-général à Fleurus, concen-