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étions orgueilleux de savoir qu’ils rendaient hommage aux connaissances, à l’esprit de Monsieur ; il eût fallu voir avec quelle arrogance nous semblions promener pour ainsi dire avec nous toute l’importance, le lustre de notre monarchie, et surtout la supériorité de son chef et l’élévation de nos princes. S.M. le roi, disions-nous pompeusement dans les cercles allemands, en désignant le roi de France ; car c’était ou ce devait être là, selon nous, son titre par excellence pour toute l’Europe. L’abbé Maury, que nous avions reçu d’abord avec acclamation, mais qui, par parenthèse, perdit beaucoup parmi nous en bien peu de temps, avait découvert, nous disait-il, que c’était là son droit et sa prérogative.

« Veut-on un autre exemple d’exagération ; plus tard, au plus fort de nos désastres, et notre cause tout à fait perdue, un officier supérieur autrichien, chargé de dépêches importantes pour le gouvernement de Londres, réunit à dîner quelques-uns des nôtres avec lesquels il avait eu jadis des relations sur le continent : à la fin du dîner, et très près de toutes vérités, l’on parle politique, et il lui échappe de dire qu’à son départ de Vienne ou parlait beaucoup du mariage de Madame Royale (aujourd’hui duchesse d’Angoulême) avec l’archiduc Charles, qui dans ce moment d’ailleurs occupait fort la renommée. « Mais c’est impossible ! lui observe vivement un de ses convives français. – Et pour-