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nemi, et en y asseyant la capitale, en y accumulant toutes ses forces, il la rendait plus invulnérable ; il s’affiliait à la société européenne ; il s’établissait dans la mer Baltique, d’où il tournait facilement ses ennemis naturels, les Polonais et les Suédois, pour venir s’allier, au besoin, avec les nations placées derrière eux, etc. »

L’Empereur disait n’être pas tout à fait satisfait de ces raisons. « Quoi qu’il en soit, disait-il, Moscou a disparu ; et qui peut assigner les richesses qui y ont été dévorées ? Qu’on se figure, ajoutait-il, Paris avec l’accumulation de l’industrie et des travaux des siècles. Son capital, depuis quatorze cents ans qu’existe cette cité, ne se fut-il accru que d’un million par an, quelles sommes ! Qu’on joigne à cela les magasins, le mobilier, la réunion des sciences, des arts, les correspondances d’affaires et de commerce toutes établies, etc., et voilà pourtant Moscou, et tout cela a disparu en un instant ! Quelle catastrophe ! la seule idée n’en fait-elle pas frémir !!!… Je ne pense pas que pour deux milliards on pût le rétablir. »

L’Empereur s’est étendu longuement sur tous ces évènements, et a laissé échapper une parole trop caractéristique pour que je ne l’aie pas notée. Le nom de Rostopchin ayant été prononcé, j’ai osé observer que