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devait bien savoir que la femme de César ne devait pas même être soupçonnée. À quoi madame de Balbi trouva plaisant de riposter, aussitôt, que les deux petites lignes reçues renfermaient deux graves erreurs, car il était notoire à tous qu’elle n’était pas sa femme, et que lui n’était pas César. »

Ce soir l’Empereur souffrait beaucoup de son côté droit : c’était le résultat de l’humidité qui l’avait frappé le matin à sa promenade, et nous n’étions pas sans crainte que ce ne fût un symptôme de la maladie ordinaire dans ces climats brûlants.

En rentrant chez moi, j’ai trouvé une lettre de Londres, avec un paquet de quelques effets de toilette. Il venait d’arriver un bâtiment de guerre d’Angleterre : c’était le Griffon.


L’Empereur reçoit des lettres des siens – Conversation avec l’amiral – Commissaires des alliés, etc., etc..


Jeudi 26.

Sur les neuf heures, j’ai reçu du grand maréchal, pour remettre à l’Empereur, trois lettres qui étaient pour lui. Elles venaient de Madame Mère, de la princesse Pauline et du prince Lucien. Cette dernière était dans une à moi, que le prince Lucien m’adressait de Rome, le 6 mars.

L’Empereur a passé toute la matinée à lire les papiers du 25 avril au 13 mai. Ils contenaient la mort de l’impératrice d’Autriche, la prorogation des Chambres en France, l’acquittement de Cambronne, la condamnation du général Bertrand, etc. Il a dit beaucoup de choses sur chacun de ces objets.

Sur les trois heures, l’amiral Malcolm a fait demander à être présenté à l’Empereur. Il lui apportait les journaux des Débats jusqu’au 13 mai. L’Empereur m’a dit de le lui amener, et a causé avec lui près de trois heures. Il plaît, fort à l’Empereur, qui l’a traité, du premier instant, avec beaucoup d’abandon et de bonhomie, tout à fait comme une ancienne connaissance. L’amiral s’est trouvé entièrement dans son sens sur une foule d’objets. Il avouait que l’évasion de Sainte-Hélène était extrêmement difficile, et ne voyait aucun inconvénient à donner l’île entière. Il trouvait absurde qu’on n’eût pas mis l’Empereur à Plantation-House ; il sentait, mais depuis qu’il était ici seulement, avouait-il, que la qualification de général pouvait être injurieuse ; il trouvait que lady Loudon avait été ridicule ici, qu’elle ferait rire d’elle à Londres ; il pensait que le gouverneur avait de bonnes intentions sans doute, mais qu’il