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de s’entourer d’un petit comité de membres de cette armée d’Italie qui eussent le même zèle pour cet ouvrage.

Aujourd’hui à dîner, l’Empereur passait encore en revue ses généraux. Il a fait l’éloge de beaucoup d’entre eux ; la plupart n’existent plus. Il élevait au plus haut point les talents et les facultés du général Drouot. Tout est problème dans la vie, disait-il ; ce n’est que par le connu qu’on peut arriver à l’inconnu. Or, il connaissait déjà, remarquait-il, comme certain dans le général Drouot tout ce qui pouvait en faire un grand général. Il avait les raisons suffisantes pour le supposer supérieur à un grand nombre de ses maréchaux. Il n’hésitait pas à le croire capable de commander cent mille hommes. « Et peut-être ne s’en doute-t-il pas, ajoutait-il, ce qui ne serait en lui qu’une qualité de plus. »

Il est revenu sur la bravoure prodigieuse de Murat et de Ney, dont le courage, disait-il, devançait tellement le jugement ! Et voilà l’énigme, concluait-il après quelques développements, de certaines actions dans certaines gens ; l’inégalité entre le caractère et l’esprit : elle explique tout.

La conversation a conduit à la bataille de Hohenlinden, si célèbre. « C’était, disait l’Empereur, une de ces grandes actions enfantées par le hasard, obtenues sans combinaisons. Moreau, répétait-il alors, n’avait