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blée, il s’y rend lui-même de bonne heure, et se place près de la maîtresse de la maison. Quand le grand personnage vient à débiter à cette dame son petit mot de compliment, et qu’il n’a pas encore la face retournée, le mécontent se penche négligemment vers la dame, lui demandant à haute voix quel peut être là son gras ami (who is your fat friend). La dame, qui en devient rouge, le pousse du coude, lui disant tout bas : Taisez-vous donc, ne voyez-vous pas que c’est le prince régent ? À quoi le monsieur de répondre, d’une voix encore plus élevée : Comment, le prince !… mais, sur mon honneur, le voilà devenu aussi gras qu’un cochon (how the prince !… but, upon my word, he is grown as fat as a pig). »

Libre à chacun de deviser sur le mérite relatif des deux insolents : tous deux sont fort blâmables sans doute, et, si le nôtre présente moins de grossièreté, il faut convenir aussi que son impertinence est tout à fait sans but et purement gratuite.

Dans un autre moment de la journée, l’Empereur a dit beaucoup de choses sur les séances du Conseil d’État. Je lui en avais cité plusieurs ; d’autres nous demeuraient déjà douteuses et effacées. « Et bien, m’a-t-il ajouté, encore quelque temps, et il en restera à peine vestige dans le souvenir. » Ne pouvant dormir cette nuit, ces paroles me sont reve-