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« Sur ce, je prie Dieu, Monsieur le grand-duc de Berg, qu’il vous ait, etc.

« Signé Napoléon. »
Samedi 15.

Le temps était magnifique ; nous avons fait notre tour en calèche, durant lequel nous avons aperçu très près du rivage un gros bâtiment, dont la manœuvre nous a paru singulière. Les marques distinctives nous l’ont fait prendre pour le Newcastle, annoncé depuis quelque temps comme venant relever le Northumberland ; mais ce n’était qu’un bâtiment de la compagnie.

Dans une partie de la journée, l’Empereur, au travers d’un grand nombre d’objets, en est arrivé à mentionner plusieurs personnes qui viendraient le joindre à Sainte-Hélène, disait-il, si on leur en laissait la liberté, et il s’est mis à analyser les motifs qui les détermineraient. De là il est passé aux motifs de ceux qui se trouvent autour de lui. « Bertrand, disait-il, est désormais identifié avec mon sort : c’est devenu historique. Gourgaud était mon premier officier d’ordonnance : il est mon ouvrage, c’est mon enfant. Montholon est le fils de Semonville, un beau-frère de Joubert, un enfant de la révolution et des camps. Vous, mon cher, disait-il au quatrième, vous… » Et après avoir cherché un instant, il a repris : « Mais vous, mon cher, au fait, par quel diable de hasard vous trouvez-vous ici ? – Sire, lui a-t-il répondu, par le bonheur de mon étoile, et pour l’honneur de l’émigration. »