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Rome aux dernières dilapidations ; on gaspilla tout le mobilier du Vatican ; on saisit partout les tableaux et les objets rares. On indisposa tellement le pays, que le pays à son tour vint à bout d’indisposer l’armée : elle se souleva contre des généraux qu’elle accusait. Ce mouvement séditieux des soldats fut du plus grand danger ; on eut beaucoup de peine à les contenir. On croit avec raison qu’ils furent excités par des agents napolitains, anglais, autrichiens.

V. Troisième incident. — Bernadotte avait été nommé ambassadeur à Vienne. Ce choix ne fut pas bon : un général ne pouvait être agréable à une nation si constamment battue : il aurait fallu envoyer un personnage de l’ordre civil ; mais le Directoire avait peu de ceux-ci à sa disposition : ou ils étaient trop obscurs, ou il les avait éloignés. Quoi qu’il en soit, Bernadotte, alors d’un caractère fort exalté, fit des fautes graves dans son ambassade. Un jour, sans qu’on en puisse deviner le motif, il fit arborer le pavillon tricolore au haut de sa maison. On pense qu’il y fut insidieusement poussé par des agents qui voulaient compromettre l’Autriche. En effet, la populace, à l’instigation des mêmes agents, se trouva tout à coup insurgée : elle arracha le drapeau et insulta Bernadotte.

Le Directoire, dans sa fureur, manda le général d’Italie pour s’ap-