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étaient nécessaires à sa ligne. Les généraux autrichiens comprenaient avec peine comment le général français, dans sa belle situation, pouvait accorder un armistice ; ils ne l’expliquaient que par l’inaction des armées françaises sur le Rhin.

Cependant Napoléon ressentait vivement la force des circonstances ; il déplorait dans son cœur qu’un défaut de combinaison ou qu’une vaine jalousie le privassent des immenses résultats qu’il était à la veille de recueillir. S’il avait été peu sensible à la gloire d’entrer dans Rome, il s’était passionné de l’idée d’entrer dans Vienne, et rien que la seule déclaration du Directoire pouvait en ce moment l’en empêcher.

IX. Les préliminaires furent signés à Léoben. — Pour la signature, on se réunit dans une petite maison de campagne qu’on neutralisa. Les secrétaires dressèrent d’abord le procès-verbal de la neutralisation, et les plénipotentiaires respectifs s’y rendirent ensuite pour signer. Les commissaires autrichiens avaient mis en tête du traité que l’empereur reconnaissait la république française. « Effacez, dit Napoléon : l’existence de la république est aussi visible que le soleil ; un pareil article ne pourrait convenir qu’à des aveugles ; nous sommes maîtres chez nous, nous voulons y établir le gouvernement qu’il nous plaît, sans que personne y trouve à redire. » À Léoben, le quartier-général français