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ont craint, avec raison, que la modération des propositions qu’il était chargé de faire ne décidât l’empereur à la paix. Ces ministres, corrompus par l’or de l’Angleterre, trahissent l’Allemagne et leur prince, et n’ont plus de volonté que celle de ces insulaires perfides, l’horreur de l’Europe entière.

« Habitants de la Carinthie, je le sais, vous détestez autant que nous et les Anglais qui seuls gagnent à la guerre actuelle, et votre ministère qui leur est vendu. Si nous sommes en guerre depuis six ans, c’est contre le vœu des braves Hongrois, des citoyens éclairés de Vienne, et des simples et bons habitants de la Carinthie.

« Eh bien ! malgré l’Angleterre et les ministres de la cour de Vienne, soyons amis. La république française a sur vous les droits de conquête ; qu’ils disparaissent devant un contrat qui nous lie réciproquement. Vous ne vous mêlerez pas d’une guerre qui n’a pas votre aveu. Vous fournirez les vivres dont nous pourrons avoir besoin. De mon côté, je protégerai votre religion, vos mœurs, vos propriétés ; je ne tirerai de vous aucune contribution : la guerre n’est-elle pas par elle-même assez horrible ! Ne souffrez-vous pas déjà trop, vous, innocentes victimes des sottises des autres ! Toutes les impositions que vous avez coutume de payer à l’empereur serviront à indemniser des dégâts inséparables de la marche d’une armée, et à payer les vivres que vous nous aurez fournis. »

IX. Affaire du Tyrol. — Immédiatement après la bataille du Tagliamento, le général français expédia l’ordre au général Joubert d’attaquer l’armée qui lui était opposée, de s’emparer de tout le Tyrol italien, d’exécuter hardiment la marche qu’il lui avait prescrite, et de pénétrer en Carinthie par le Pusthersthal.

Le général Joubert entra en opération le 28 mars, passa le Lavisio, battit l’ennemi, lui fit plusieurs milliers de prisonniers, passa l’Adige, le battit à Tramin, s’empara de Bolzano, livra un nouveau combat à Clauzen, força les gorges d’Innspruck le 28, rejeta les troupes autrichiennes au-delà du Brenner, et se dirigea sur la Carinthie, après avoir fait éprouver beaucoup de pertes à l’ennemi et lui avoir pris sept à huit mille hommes. Le général Joubert montra du talent, de la constance et de l’activité dans la direction de cette opération difficile. Les généraux Delmas, Baraguey-d’Hilliers et Dumas se distinguèrent. Les troupes montrèrent la plus grande intrépidité.

X. Résumé. — Ainsi, en dix-sept jours, les deux armées du prince Charles avaient été défaites. L’ennemi, rejeté au delà du Brenner,