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Son arrière-garde essaya de tenir à Sacile ; mais elle fut battue par le général Guieux, qui y entra le 13. {{interligne} V. Bataille du Tagliamento, 16 mars. — Le 16, à neuf heures du matin, les deux armées furent en présence, l’armée française sur la rive droite, l’armée autrichienne sur la rive gauche du Tagliamento. Les divisions Guieux, Serrurier, Bernadotte faisaient la gauche du centre, et la droite était avec le quartier-général, en avant de Valvasone. Le prince Charles, avec des forces à peu près égales, était rangé de la même manière, en face, sur la rive gauche. Par cette position, le prince Charles ne couvrait pas la chaussée de la Ponteba. Les débris de la division opposée à Masséna n’étaient plus capables de l’arrêter. Cependant la Ponteba était la route la plus courte de Vienne, et la direction naturelle pour couvrir cette capitale. Cette conduite du prince Charles ne pouvait s’expliquer qu’en supposant qu’il ne connaissait pas encore bien le nouveau terrain sur lequel il devait opérer, lequel n’avait jamais été le théâtre de la guerre dans les temps modernes ; ou que, ne croyant pas le général français assez hardi pour se porter sur Vienne, il n’eût de crainte que pour Trieste, centre des établissements maritimes de l’Autriche ; ou enfin, que ses positions n’étant point définitivement prises, et que, couvert par le Tagliamento, il espérait gagner quelques jours qui suffiraient à une division de grenadiers déjà arrivée à Clagenfurt, pour venir renforcer la division opposée à Masséna.

La canonnade s’engagea d’une rive à l’autre. La cavalerie légère fit plusieurs charges sur le gravier du torrent. Le général en chef, voyant l’ennemi trop bien préparé, fit poser les armes à ses soldats et établir les bivouacs. Le général autrichien y fut trompé ; il crut que l’armée française, qui avait marché toute la nuit, prenait position ; il fit un mouvement en arrière, et alla reprendre ses bivouacs. Mais deux heures après, quand tout fut tranquille dans les deux camps, les Français reprirent subitement les armes, et Duphot, à la tête de la 27e légère, formant l’avant-garde de Guieux, et Murat, à la tête de la 15e légère, conduisant l’avant-garde de Bernadotte, soutenus chacun par leurs divisions, chaque brigade formant une ligne, et celles-ci appuyées par Serrurier, marchant derrière en réserve, se précipitèrent dans la rivière. L’ennemi avait couru aux armes ; mais déjà toutes nos troupes avaient passé dans le plus bel ordre, et se trouvaient rangées en bataille sur la rive gauche. La canonnade et la fusillade s’engagèrent de toute part. Aux premiers coups de canon, Masséna exécuta son passage à Saint-Danièle : il éprouva peu de résistance et s’empara d’Osopo, cette clef de la chaussée de Pon-