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manège, il en a des nausées. Cependant, au retour, nous sommes venus à bout de l’y déterminer. Il nous avait tous auprès de lui ; nous avons gagné la crête du prolongement de la montagne des Chèvres qui sépare l’horizon de la ville d’avec celui de Longwood (voir la carte). Nous sommes revenus en passant sur le front du camp ; c’était la seconde fois depuis notre séjour à Longwood. Tous les soldats, quelles que fussent leurs occupations, ont tout quitté, et sont accourus spontanément pour former la haie. « Quel soldat européen, disait l’Empereur à ce sujet, n’est pas ému à mon approche ! » Et c’est parce qu’il le savait qu’il évitait soigneusement ici de passer devant le camp anglais, dans la crainte qu’on ne l’accusât de vouloir provoquer ce sentiment. Cette petite course et la fatigue qu’elle a causée ont été agréables à tout le monde. Nous étions de retour à cinq heures. L’Empereur trouvait la journée bien longue : depuis quelque temps il ne dicte plus. Il a aperçu des espèces de quilles façonnées par les gens pour leur usage ; il les a fait apporter, et nous avons fait une partie. J’y ai perdu contre l’Empereur un napoléon et demi, qu’il m’a bien fait payer, pour les jeter au valet de pied qui nous servait la boule.