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outrage, et était résolu à en courir les risques. Une catastrophe lui semblait inévitable, il supposait qu’elle était ordonnée, que l’on ne cherchait que les prétextes ; il était décidé à ne pas les éviter.

« Je m’attends à tout, me disait-il dans un certain moment d’abandon ; ils me tueront ici, c’est certain… »

Il a fait venir le docteur O’Méara pour connaître son opinion personnelle, et m’a chargé de lui traduire qu’il ne se plaignait nullement de lui jusqu’à présent, bien au contraire, qu’il le regardait comme un honnête homme, et la preuve en était qu’il allait s’en rapporter à ses réponses. Il s’agissait de s’entendre : se considérait-il comme son médecin, à lui personnellement, ou comme le médecin d’une prison, et imposé par son gouvernement ? était-il son confesseur ou son surveillant ; faisait-il des rapports sur lui, ou en ferait-il au besoin ? Dans l’un des deux cas, l’Empereur continuait de recevoir volontiers ses services, était reconnaissant de ceux qu’il avait déjà reçus ; dans l’autre, il le remerciait, et le priait de les discontinuer.

Le docteur a répondu bien positivement et avec affection. Il a dit que son ministère étant tout de profession, et entièrement étranger à la politique, il se considérait comme le médecin de sa personne, et demeurait étranger à toute autre considération ; qu’il ne faisait aucun rapport, qu’on ne lui en avait pas encore demandé ; qu’il n’imaginait pas de cas