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ploiera-t-il la force et la violence pour disputer à l’Empereur un dernier asile de quelques pieds en carré et quelques heures de repos ? Ses instructions doivent avoir prévu le cas ; aucun outrage, aucun manque d’égards, aucune barbarie ne me surprendraient dans les ordres donnés.

Quant aux expressions du gouverneur sur ce que nous nous abusions sur nos personnes et notre situation, nous savons fort bien qu’au lieu d’être aux Tuileries, nous sommes à Sainte-Hélène ; qu’au lieu d’être maîtres, nous sommes captifs. En quoi dès lors pourrions-nous donc nous abuser ?


Sur la Chine et la Russie – Rapprochements des deux grandes révolutions de France et d’Angleterre.


Dimanche 5.

Sur les dix heures du matin, l’Empereur allait monter à cheval : c’était sa première sortie. Le résident de la compagnie des Indes à la Chine se trouvait là, sollicitant depuis longtemps l’honneur de lui être présenté. Il l’a fait appeler, l’a questionné pendant quelques minutes avec beaucoup de bienveillance. Nous avons fait route ensuite pour aller voir madame Bertrand. L’Empereur y est resté plus d’une heure. Il est faible et changé, sa conversation traînante. Nous avons regagné Longwood. L’Empereur a voulu déjeuner à l’air.

Il a fait appeler notre hôte de Briars, le bon M. Balcombe, et le résident de la Chine qui se trouvait encore là. Tout le temps du déjeuner s’est passé en questions sur la Chine et sur sa population, ses lois, ses usages, son commerce, etc.