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L’ennemi fut culbuté dans le ravin ; on prit tout ce qui avait débouché, infanterie, cavalerie, artillerie.

À onze heures, la colonne de droite de l’armée autrichienne arriva à la position qui lui était indiquée. Elle y trouva notre division de réserve de Dezenzano. Elle plaça une brigade pour la tenir en échec. L’autre brigade, forte de quatre mille hommes, se plaça sur la hauteur, à cheval sur le chemin de Vérone au plateau de Rivoli. Elle n’avait point d’artillerie ; elle croyait avoir tourné l’armée française, mais il était trop tard. À peine arrivée sur la hauteur, elle put voir la déroute de trois divisions autrichiennes du centre et de la gauche. On dirigea contre elle douze à quinze pièces de la réserve. Après une vive canonnade, elle fut attaquée, cernée et entièrement prise. La deuxième brigade, qui était plus en arrière, en position contre la réserve de Dezenzano, se mit en retraite. Elle fut vivement poursuivie ; une grande partie fut tuée ou prise. Il était une heure après midi ; l’ennemi était partout en retraite et vivement poursuivi.

Joubert avança avec tant de rapidité qu’un moment nous crûmes toute l’armée d’Alvinzi prise. Joubert arrivait à l’escalier, seule retraite de l’ennemi ; mais Alvinzi, sentant le danger où il était, marcha avec ses troupes de réserve, contint Joubert, et même lui fit perdre un peu de terrain. La bataille était gagnée. Nous avions du canon, des drapeaux et un grand nombre de prisonniers. Deux de nos détachements qui venaient rejoindre l’armée donnèrent dans la division qui nous avait coupé le chemin de Vérone. Le bruit se répandit aussitôt sur les derrières que l’armée française était cernée et perdue.