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marche, et un peu avant neuf heures elle arriva sur les hauteurs de gauche du plateau de Rivoli. Elle n’avait point d’artillerie. La 14e et la 85e, qui garnissaient ce plateau, avaient chacune une batterie. La 14e, qui occupait la droite, repoussa les attaques de l’ennemi ; la 85e fut débordée et rompue. Mais le général français courut à la division Masséna, qui, ayant marché toute la nuit, prenait un peu de repos, la mena à l’ennemi ; et, en moins d’une demi-heure, la première division autrichienne du centre fut battue et mise en déroute ; il était dix heures et demi. La division autrichienne de la gauche, composée de trois mille hommes d’infanterie, de cinq à six mille hommes de cavalerie, de toute l’ambulance et le gros bagage de l’armée, qui était au fond de la vallée, entendant la fusillade près du plateau, et s’étant aperçue que Joubert, qui était à une lieue en avant, n’avait plus personne à la chapelle Saint-Marco, fit monter quelques bataillons de troupes légères pour l’occuper et prendre Joubert à dos. Lorsque ses bataillons furent à demi-hauteur, l’ennemi se hasarda à faire déboucher douze pièces de canon, deux à trois bataillons d’infanterie et mille chevaux. Cette opération était difficile ; c’était une véritable escalade. Joubert, s’en étant aperçu, envoya au pas de course trois bataillons qui arrivèrent à la chapelle avant l’ennemi, et le précipitèrent au fond de la vallée. Une batterie de quinze pièces, placée au plateau de Rivoli, mitrailla la partie de la colonne de gauche qui commençait à déboucher. Le colonel Leclerc chargea par peloton avec trois cents chevaux. Le chef d’escadron Lasalle était à la tête du premier peloton, et, par son intrépidité, décida du succès.