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fiance, ne laissait aucun doute sur les nombreuses forces déployées devant lui : il les portait à vingt mille hommes, et supposait que c’était la première ligne de l’ennemi. On fut confirmé dans l’opinion que l’ennemi opérait sur le bas Adige, par la nouvelle de ce qui s’était passé à la Corona. Joubert manda que, pendant toute la journée du 12, il avait été attaqué par l’ennemi, qu’il l’avait contenu, et que la division autrichienne avait été repoussée dans toutes ses tentatives.

VI. Le général Alvinzi occupe la Corona et jette un pont sur l’Adige. — Le général français ordonna à la division Masséna de repasser l’Adige et de se réunir sur la rive droite. Il attendit ainsi toute la journée du 13 ce qui se serait passé ce même jour à Legnano, sur l’Adige et la Corona. Les troupes furent prévenues d’être prêtes à faire une marche de nuit, et d’être sous les armes à dix heures du soir. La division qui était à Dezenzano se porta le 11 à Castel-Novo, et attendit là de nouveaux ordres.

Il pleuvait à grands flots. Les troupes étaient sous les armes ; mais le général en chef ignorait encore de quel côté il les dirigerait. À dix heures du soir, les rapports du Montebaldo et du bas Adige arrivèrent. Joubert mandait que le 13, à neuf heures du matin, l’ennemi avait déployé de grandes forces, qu’il s’était battu toute la journée ; que sa position étant très resserrée, il avait eu le bonheur de se maintenir ; mais qu’à deux heures après midi, s’étant aperçu qu’il était débordé par la gauche par la marche d’une division autrichienne qui longeait le lac de Guarda et menaçait de se placer entre Peschiera et lui, et par sa droite par une autre division ennemie qui avait longé la rive gauche de l’Adige, jeté un pont à une lieue au-dessus de Rivoli, passé ce fleuve, et filait par la rive droite, longeant le pied du Montemagone, pour enlever le plateau de Rivoli, il avait jugé indispensable d’envoyer une brigade pour s’assurer le plateau de Rivoli, la clef de toute la position, et que sur les quatre heures il avait jugé lui-même nécessaire d’abandonner la Corona, afin d’arriver de jour sur le plateau de Rivoli, qu’il serait obligé d’évacuer le lendemain avant neuf heures. Sur le bas Adige, l’ennemi avait bordé la rive gauche. Nous étions sur la rive droite. Le projet de l’ennemi se trouva dès lors démasqué. Il fut évident qu’il opérait avec deux grandes armées sur le Montebaldo et sur le bas Adige. La division Augereau parut suffisante pour disputer et défendre le passage de la rivière. Sur le Montebaldo, il n’y avait pas un moment à perdre, puisque l’ennemi allait faire sa jonction avec son artillerie et sa cavalerie, en s’emparant du plateau de Rivoli ; et que si on pouvait l’attaquer avant qu’il ne se fût emparé de ce point important, il serait obligé de combattre sans son