Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur l’autre bord de l’Adige. Les têtes de nos colonnes se rencontrèrent à moitié des digues avec deux autres divisions d’Alvinzi. Il se livra un combat opiniâtre, nos troupes furent alternativement en avant et en arrière. Pendant un moment, les balles arrivaient sur le pont. La 75e avait été rompue ; le général en chef plaça la 32e en embuscade, ventre à terre dans un petit bois de saules, le long de la digue d’Arcole. Cette demi-brigade se releva, fit une décharge, marcha à la baïonnette, et culbuta dans les marais une colonne ennemie, épaisse de toute sa longueur ; c’était trois mille Croates, et ils y périrent tous. Masséna, sur la gauche, éprouvait des vicissitudes ; mais il marcha à la tête de sa division, son chapeau au bout de son épée en signe de drapeau, et fit un horrible carnage de la division qui lui était opposée.

Après midi, le général français jugea qu’enfin le moment d’en finir était venu. Car si Vaubois avait été battu le jour encore par Davidowich, il serait obligé de se porter, la nuit prochaine, à son secours et à celui de Mantoue. Dès lors Alvinzi se porterait sur Vérone, il recueillerait l’honneur et les résultats de la victoire ; tant d’avantages remportés dans trois journées seraient perdus. Il fit compter soigneusement le nombre des prisonniers, récapitula les pertes de l’ennemi ; il conclut qu’il s’était affaibli dans ces trois jours de plus de vingt mille hommes, qu’ainsi dé-