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nier. Cependant la pluie tombait par torrents, le chemin devint bientôt impraticable pour notre artillerie, pendant que nous étions écrasés par celle de l’ennemi. Nous avions trop de désavantage à gravir contre un ennemi en position. L’attaque fut contremandée, et l’on se contenta de soutenir la bataille tout le reste du jour. Comme la pluie dura toute la journée et celle du lendemain, le général français prit le parti de retourner au camp de Vérone.

Les pertes dans cette affaire avaient été égales, cependant l’ennemi s’attribua avec raison la victoire, ses avant-postes s’approchèrent de Saint-Michel, et la situation des Français devint critique.

V. Murmures et sentiments divers qui agitent l’armée française. — Vaubois, battu en Tyrol, avait fait des pertes considérables ; il n’avait plus que six mille hommes. Les deux autres divisions, après s’être vaillamment battues sur la Brenta, s’étaient vues en retraite sur Vérone, ayant manqué leur opération sur Caldiero. Le sentiment des forces de l’ennemi était dans toutes les têtes. Les soldats de Vaubois, pour justifier leur retraite dans le Tyrol, disaient s’y être battus un contre trois. Les soldats mêmes demeurés sous les yeux de Napoléon trouvaient les ennemis trop nombreux. Les deux divisions, après leurs pertes, ne comptaient pas plus de treize mille hommes sous les armes.