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avez cédé au premier échec. Aucune position n’a pu vous rallier. Il en était dans votre retraite qui étaient inexpugnables. Soldats du 85e et du 39e, vous n’êtes pas des soldats français. Que l’on me donne ces drapeaux, et que l’on écrive dessus : Ils ne sont plus de l’armée d’Italie ! » Un morne silence régnait dans tous les rangs ; la consternation était peinte sur toutes les figures. Des sanglots se font entendre ; de grosses larmes coulent de tous les yeux, et l’on voit ces vieux soldats, dans leur émotion, déranger leurs armes pour essuyer leurs pleurs. Le général en chef fut obligé de leur adresser quelques paroles de consolation. « Général, lui criaient-ils, mets-nous à l’avant-garde, et tu verras si nous sommes de l’armée d’Italie !!! » Effectivement, ces régiments qui avaient été le plus grondés furent mis à l’avant-garde, et s’y couvrirent de gloire.

IV. Bataille de Caldiero, 12 novembre. — Les opérations d’Alvinzi se trouvèrent couronnées des plus heureux succès : déjà il était maître de tout le Tyrol et de tout le pays entre la Brenta et l’Adige ; mais le plus difficile lui restait encore à faire ; c’était de passer l’Adige de vive force, devant l’armée française. Le chemin de Vérone à Vicence longe l’Adige pendant trois lieues, et ne quitte la direction du fleuve qu’a Ronco, où il tourne perpendiculairement à gauche pour se diriger sur Vicence, à Villa-Nova ; la petite rivière de l’Alpon coupe la grande route, et se jette, après avoir traversé Arcole ; dans l’Adige, entre Ronco et Albaredo. Sur la gauche de Villa-Nova se trouvent des hauteurs offrant de très belles positions, connues sous le nom de Caldiero. En occupant ces positions, on garde une partie de l’Adige, on couvre Vérone, et l’on se trouve en mesure de tomber sur les derrières de l’ennemi, si celui-ci se dirigeait sur le bas Adige.

Le général français eut à peine assuré la défense de Montebaldo, et raffermi les troupes de Vaubois, qu’il voulut occuper Caldiero comme donnant plus de chances à la défensive, et plus d’énergie à son attitude. Il déboucha le 11 de Vérone, la brigade de Verdier en tête, culbuta l’avant-garde ennemie, et parvint bientôt au pied de Caldiero : mais Alvinzi lui-même avait occupé cette position qui est bonne également contre Vérone. Le 12, à la pointe du jour, on vit toute son armée couronner ces hauteurs, qu’il avait couvertes de formidables batteries. Le terrain reconnu, Masséna dut attaquer la hauteur, et forcer la droite de l’ennemi ; cette hauteur enlevée, et l’ennemi la gardait mal, la bataille se trouvait décidée. Le général Launay marcha avec sa demi-brigade et s’empara de la hauteur ; mais il ne put s’y maintenir, et fut fait prison-